ferdinand et les iconoclastes
Editeur : Grasset (03/03)
Broché
ISBN: 224662651X
Editeur : J'ai lu (08/02/06)
Poche: 247 pages
Collection : J'ai lu Roman
ISBN-10: 2290343765
ISBN-13: 978-2290343760
Edition turque
Lorsque le jeune Ferdinand Bataille, traits cassés sur peau mate, imper fatigué du premier de la classe, est engagé par HBMB (pour " Health, Beauty, Mind and Body"), un géant des cosmétiques, rien ne laisse soupçonner qu'il sera bientôt l'un des dirigeants qui font et défont le destin du monde.
Il y a deux Ferdinand : le "cost-killer" d'apparence réservée, le business-man implacable et rationnel. Mais aussi l'idéaliste vulnérable qui traîne ses faiblesses, ses angoisses et ses questions sur le sexe, l'amour ou le sens de la vie. Un fou de science et de technologie qui s'endort épuisé sur le clavier de son ordinateur, se lie à la trop sensible Mélissa mais se perd entre les mains d'une Joséphine experte et ambitieuse. Un solitaire qui vole dans les ciels purs, pilotant son avion pour oublier "qu'il a grandi sans enfance, s'est marié sans amour et survit sans plaisir."
Du haut de sa pyramide, tandis que la mondialisation progresse et que les profits explosent, nourrissant l'exclusion et les déséquilibres, Ferdinand pressent que les choses ne dureront pas. Comment concilier le travail et l'utopie ? Le loisir d'une vie et les heures volées aux salariés, ces poupées de chair qu'on jettera bientôt à la poubelle ?
Une solution naît de l'amitié entre Ferdinand et les "Iconoclastes", un groupe de scientifiques, qui aiment le jazz, le bavardage et les défis. Ferdinand deviendra-t-il le nouveau prophète de la fin du travail ? Et finira-t-il comme le veut la tradition : crucifié ?
revue de presse
Technikart
Femme du mois avril 2003 dans Technikart
Dans son « Ferdinand et les Iconoclastes », elle s’engage
contre l’aliénation du travail.
Valérie Tong Cuong, c’est le village global dans les
nuages. Son quatrième roman, paru chez Grasset, mixe technologie
et poésie. «Ferdinand et les Iconoclastes» raconte
le parcours d’un workaholic qui rêve de libérer
l’humanité du travail.
Pas une simple success story mais un livre sur le succès de
l’humain à l’échelle de l’histoire.
Sorte de martyr néomarxiste tendance Thierry Hermann, Ferdinand
est un winner en affaires mais s’ennuie à mourir côté
cœur. Et Valérie Tong Cuong lui fait ainsi porter tout
le paradoxe de notre société contemporaine.
Facile ? Pas tant que ça. Le succès, selon elle,
ce serait «d’arriver à faire réfléchir
les gens». Leur faire comprendre, notamment, que l’intelligence
artificielle a déjà commencé à changer
le monde. Que le travail ne rend pas libre. Et qu’il vaut mieux
faire suer des machines plutôt que des hommes.
«Oui, ce livre a une vraie valeur pédagogique»,
estime-t-elle. Si Jeremy Rifkin a réfléchi aux mutations
possibles du capitalisme et Maurice Dantec, aux robots intelligents,
pourquoi pas une fiction qui vulgariserait leurs travaux ? C’est
la question qui s’est posée chez Grasset en découvrant
le projet.
Pourtant, Valérie a plusieurs gros défauts : elle
est blonde, belle, mère de famille comblée, et elle
fait de la musique (le groupe Quark) avec son mari Eric Tong Cuong,
golden boy de la pub reconverti dans le music business. Elle ne court
ni après la notoriété ni après le fric.
Mais ses attachées de presse successives ont toujours eu tendance
à plus vouloir vendre au journaliste ce package trendy que
l’écrivain elle –même. C’est dommage.
Car l’écrivain Tong Cuong s’en tire mieux que bien.
Ses trois précédents romans («Big», «Gabriel»
et «Où je suis») démontraient une capacité
à s’emparer de personnages inattendus : une grosse,
un vieux, hors de tout académisme, qu’il soit classique
ou trash.
Cette «femme de» se paie même le luxe d’expliquer
que «ce bouquin, c’est tout sauf un coup de pub. La couverture
a été réalisée par un collectif de copains
et on a monté un site web sans en parler à mon éditeur
avant qu’il soit en ligne».
Aussi énervée au fond que réservée en
surface, Valérie s’enflamme froidement : «tout
le monde sent, ou pressent qu’on va dans le mur. La question
que je me pose, moi, c’est : et après ? Des
bulles pourries éclatent partout, j’espère maintenant
que les ronds concentriques vont atteindre de plus en plus de gens.»
On commence à aimer ses métaphores marécageuses
et surtout ses oxymorons : son sourire triste et sa gentillesse
hargneuse, sa naïve lucidité. On se reprend. On défend
l’idée que la révolution est un vieux rêve
de bourgeois et qu’il est même un peu pervers de faire
croire au lecteur qu’un grand de ce monde comme Ferdinand serait
disposé à le changer ; Alors Valérie parle
d’elle, au milieu de son salon aux boiseries brutes : une
enfance banlieusarde et une jeunesse foireuse d’autodestruction
forcenée. Le Coca light lui pique les yeux. «Eric m’a
sauvé la vie», c’est tout. Les marmots déboulent,
disent bonjour poliment, sautent sur le canapé. «Quand
j’ai eu des enfants, j’ai enfin pu percevoir le monde
qui m’entoure», explique-t-elle.
Pour revenir à la pub, attention à l’effet «Canada
Dry» : souvent, un artiste ou une œuvre prétendument
authentique se révèle n’être qu’un
produit. Mais la réciproque est beaucoup plus rare. Avec Valérie
Tong Cuong, tout à l’air savamment marketé mais
la démarche est sincère et désintéressée.
Ceci est bien une bière, avec des bulles mais pas franchement
sucrée.Pascal Bories
LePoint La tragédie
du pouvoir
De l’avis des spécialistes, Valérie TC connaît
la chanson. Elle est l’un des membres de Quark, groupe de musique
électronique. Mais elle écrit aussi des livres. C’est
musique ET paroles. Ses livres chantent la révolte de ceux
de sa génération, avec des mots qui électrisent,
dans une langue soigneusement rythmée. «Ferdinand et
les Iconoclastes» est le quatrième roman de Valérie
Tong Cuong. Son héros est un homme de pouvoir. Le roman raconte
son irrésistible ascension dans une multinationale et son insatiable
ambition.
Est-ce parce que l’auteur a travaillé dans la pub ?
On songe au «99 francs», de Beigbeder, le sarcasme en
moins, le romantisme désespéré de Tong Cuong
en plus.
Au final, le livre sonne juste. Cette fable violente résonne
comme une révolte, à mi-chemin entre la critique de
la société consumériste de Naomi Klein et le
cri poussé par les aînés musicaux de Tong Cuong :
«IcoNoclaste» entre no logo et no future.
L’auteur-interprète a écrit une petite musique
bien dans l’air du temps..Daniel
Picouly
Le Magazine Littéraire «Avancer,
progresser. Toujours faire plus et faire mieux»,
martèle le héros du dernier livre de Valérie
Tong Cuong.
Credo qui pourrait tout aussi bien être attribué à
cette dernière, écrivain de jour (elle a publié
Gabriel, Big, et Où je suis), musicienne de nuit (elle est
la chanteuse du groupe QUARK) et mère de famille à plein
temps.
Brillant diplômé récemment engagé dans
une multinationale de cosmétiques, Ferdinand cumule les atouts
: méconnaissance de son charme, intelligence fulgurante, perspectives
de carrière élevées. L’avenir de ce manitou
de la rationalisation-expansion au look délicieusement suranné
s’annonce donc radieux. Mais l’avide Joséphine
est résolue à ne pas laisser filer l’oiseau rare.
La manipulatrice va ainsi l’envoûter s’immiscer
dans sa vie et l’enchaîner à elle ; jusqu’au
jour où le jeune homme, écœuré par l’automate
sans rêves qu’il est devenu, fait sauter les verrous de
son propre système pour reconquérir sa liberté.
Le quatrième livre de Valérie Tong Cuong, iconoclaste
en matière de critères censés définir
une « vie réussie », poursuit son exploration de
la solitude moderne, de la difficulté d’être confronté
à soi. Ainsi les éléments susceptibles de faire
écran, qu’il s’agisse de l’entreprise ou
du couple, sont les bienvenus ; quitte à sombrer dans le pur
mécanicisme.
Roman ambitieux aux multiples facettes, Ferdinand et les Iconoclastes
est une satire sociale de l’univers de l’entreprise aussi
bien qu’une histoire d’amour en suspens. Mais c’est
surtout une fable originale sur la déshumanisation, l’instrumentalisation
et la dépossession de soi.
Valérie Tong Cuong offre ici davantage que les qualités
d’imagination qu’on lui attribuait déjà
: elle rend compte sans s’essouffler d’une formidable
ascension sociale sur dix années d’existence, accompagnée
de dégringolades intérieures et suivies d’un réveil
et d’une métamorphoses tardifs. Et le réalisme
dont elle fait preuve, manquant quelque peu de cette poésie
à laquelle son personnage aspire justement, nous conduit néanmoins
avec sûreté au cœur de la morale à tirer
de ce conte : le cœur de Ferdinand lui-même.Jessica
Nelson
La Provence Merveilleuse
Valérie Tong Cuong.
Elle ne ratiocine guère, crée à chaque roman
l'émotion. Ici, c'est le grotesque de nos fonctionnements d'entreprise
-tout pour pavoiser en haut de l'échelle- l'aliénation
qui en découle qu'elle prend pour cible. Avec une chute qui
plairait à Albert Jacquard. Enfin"chute". Montée
intellectuelle plutôt! A lire absolument même si nous
n'avons pas ici la place d'écrire tout le bien qu'on en pense.".Christine
Georget
Marie Claire Et si demain
on clonait les O.S. ?
C’est une jolie fille blonde qui partage avec son mari et leurs
trois enfants un dortoir d’une école religieuse transformé
en loft beau-beau. Des disques, quelques centaines, et des guitares,
quelques spécimens vintage, remplacent les petits lits à
barreaux et les missels du temps jadis.
Valérie Tong Cuong est une femme multiple : chanteuse,
romancière et mère de famille. La voici à nouveau
en chanteuse très noire dans «Sombre extase», le
disque tendance trip-hop qu’elle a concocté avec Quark,
le groupe prometteur de son mari.
La voici aussi avec «Ferdinand et les iconoclastes», une
fable efficace sur le «struggle for life» et ses limites.
Un cadre sup accède à de très hautes responsabilités
au sein du géant de la cosmétique Health, Beauty, Mind
and Body.
Ce bourreau affable dégraisse son personnel plus efficacement
encore que les crèmes amincissantes dont il est le camelot
en chef. Les brouettes de stock-options et les brassées de
femmes en stock constituent le carburant de cet apprenti aviateur
à la tête parfois dans les nuages.
Car Ferdinand le conquérant masque une seconde peau, plus proche
d’un Paul Lafargue et son «droit à la paresse»
que celle d’un Terminator à la Bill Gates. Son idée,
qu’il va tenter de mettre en pratique : remplacer les «travailleurs»
par des clones créés à cet usage. Des esclaves
décérébrés au turbin pendant que leur
doubles se la couleront douce ad vitam...
Scandale à la World Company, où le travail est non seulement
un droit mais un devoir obligatoire ! L’iconoclaste réussira-t-il
cette révolution du troisième type ? Pour notre Rosa
Luxembourg du farniente, les jeux sont faits :
1/ le monde est désormais dominé par le pouvoir économique
(au détriment du politique et du social)
2/ Mais la fin du travail est inéluctable (au bénéfice
de l’activité ludique et culturelle).
3/ Les progrès de la science et de la technologie rendent tout
cela possible.».
Avec Valérie Tong Cuong, la fête du travail durerait
troi-cent-soixante-cinq jours par an. Son livre brillant, qui est
aussi une fine étude des mœurs bureautique, fait, lui,
travailler nos méninges. En attendant le Grand Soir cool.
Fabrice Gaignault
Le Bien Public L’utopie
entre patience et destin
Surprenant roman de Valérie Tong Cuong : voici le livre
de toutes les dénonciations du monde pseudo moderne. Implacable.
On n’aurait jamais cru la farouche Valérie Tong Cuong,
l’auteur de Big et Où je suis, capable de nous offrir
pareil roman sur la fin du monde capitaliste et la révolution
du travail par la technologie la plus sophistiquée.
Et pourtant voici que paraît, pas forcément au mauvais
moment, Ferdinand et les Iconoclastes : quelle mouche a piqué
Valérie la musicienne, Valérie la cruelle ?
Ce mot de Sartre, peut-être, qu’elle a placé en
exergue : «Il n’existe toujours pas de théorie
marxiste de la révolution et de l’état révolutionnaire
dans un pays développé». Bien vu. Sartre
est mort trop tôt pour savoir que cette théorie allait
exister et que c’est Ferdinand, le héros de Valérie
Tong Cuong, qui allait l’inventer.
Délivrer les hommes du travail, leur offrir une société
de loisirs, «oui, imagine une société dans
laquelle l’homme, libéré de ses contraintes, se
préoccupe principalement d’éducation, de culture,
de loisirs» dit-il.
Le robot Gillespie. Les iconoclastes, ce sont les
amis décalés de notre Ferdinand devenu président
worldwide d’une firme de cosmétiques (HBMB : health,
beauty, mind and body), notamment un informaticien un peu fou et qui
est surnommé Dizzy car il s’adonne au jazz à ses
heures. C’est avec eux que Ferdinand va révolutionner
le monde et inventer le robot parfait, Dieu technologique descendu
sur terre et répondant bien évidemment au nom de Gillespie !
Le roman de Valérie Tong Cuong, dont il est difficile de dire
plus de l’aventure, sans en retirer le suspense au lecteur médusé,
est tissé de cette ascension d’un gentil french businessman
affublé d’une non moins arriviste et people épouse
(JJ) en même temps que ces dérapages existentiels qui
rendent finalement Ferdinant plus proche des poètes utopistes
que des capitaines d’industries vivant de stock-options et de
cours de la Bourse.
Pour l’amour de Mélissa. Et puis il y a Mélissa,
le bras droit, la secrétaire modèle, l’amoureuse
transie qui n’ose pas le dire, la Pénélope qui
use sa vie dans le travail et des amours décevantes. Mélissa
qui finira par trouver le chemin du cœur de son Ferdinand quand
la catastrophe finale aura enfin rompu toutes les amarres.
Moins dure est la chute : «Dans sa main, Ferdinand
sentit celle de Mélissa. Boucles souples, yeux clairs, bras
ronds. Lèvres pâles et chaudes. Tant d’années,
et enfin.»
La fable a la chair de tous nos rêves. Ferdinand s’envole,
dans tous les sens du terme, vers des horizons inouïs où
savoir enfin «sa patience et son destin».
Michel Huvet
-
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